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Roger Lupien fête 60 ans de métier Le barbier de La Prairie

Même si quelques-uns de ses clients «sont rendus de l’autre bord de la track», le barbier Roger Lupien continue après 60 ans de service de donner fière allure aux Laprairiens qui lui rendent visite rue Saint-Paul. Pour souligner son implication dans la communauté, le maire suppléant, Laurent Blais, lui a remis un certificat honorifique, le 3 septembre. Avec ses 84 ans bien sonnés, M. Lupien, en excellente santé, est aussi droit que le pôle bleu-blanc-rouge qui orne le devant de sa propriété depuis 1970. Même s’il a réduit la cadence depuis quelques années, il continue de recevoir ses clients dans sa chaise de cuir rouge trois jours par semaine. Ce qui lui donne si joyeuse mine? «Une petite bière de temps en temps, ça aide à vivre!», répond-il l’œil rieur. «Ma femme voudrait bien que je ralentisse, mais les gars ne veulent pas que je lâche», dit celui qui estime qu’il aurait assez de clients pour rentabiliser ses cinq jours de la semaine. Si M. Lupien réussit à renouveler sa clientèle, c’est que ceux qui lui ont confié leur tête alors qu’ils étaient en bas âge reviennent désormais avec leurs enfants et petits-enfants.

Comme à la taverne

Quand on met les pieds rue Saint-Paul, on a l’impression de revenir au temps où les hommes se réunissaient à la taverne pour refaire le monde. La gent masculine entre chez M. Lupien sans s’annoncer et peut y rester de longues heures pour y discuter de tout et de rien. «Ici, c’est un lieu de rencontres, dit le principal intéressé en continuant de manier le ciseau. C’est pas comme chez la coiffeuse, les gars viennent s’asseoir et jaser. Il s’en est dit des affaires sur cette chaise-là, mais moi, une fois que le gars passe la porte, j’oublie tout!» Ce que confirme Jacques Deschamps, de Saint-Philippe, qui fréquente le salon de M. Lupien depuis 40 ans.

Sa petite histoire

Originaire de Sainte-Perpétue, le barbier a appris les rudiments de son métier dans un salon de la rue Saint-Laurent à Montréal. En 1953, M. Lupien démarre sa propre entreprise à La Prairie dans une pièce d’une maison de la rue Saint-Georges, près de l’ancien bureau de poste. À la suite de l’achat et la démolition de cette résidence par l’entreprise de produits alimentaires Rose et Laflamme, M. Lupien déménage deux autres fois – à cause d’une relocalisation et d’un incendie – avant de s’établir définitivement dans sa maison familiale de la rue Saint-Paul. La journaliste qui le compare au célèbre Ménick de la rue Masson à Montréal se fait rabrouer gentiment: «J’ai sûrement pas mal moins d’argent que lui.» Moins d’argent peut-être, mais pas moins de passion. À regarder l’œil étincelant du barbier de la rue Saint-Paul quand il parle de son métier, on ne doute pas une seconde de sa richesse de cœur.

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